La Grotte des Camisards

La grotte des Camisards est une cavité naturelle, située dans les collines, au-dessus du village de Rochegude, au lieudit Chante-Merle. Au cœur de la forêt, desservie par un sentier balisé, une entrée discrète, ouvre sur une grande
salle souterraine, des plus impressionnantes : environ 30 mètres de large sur 35 mètres de longueur et 13 mètres de profondeur. Ces grandes dimensions sont les vestiges d’un creusement réalisé par une circulation d’eau très importante.

Un abri pour les Camisards de Jean Cavalier
Pendant la guerre des Camisards (1702-1704), Jean Cavalier, un des chefs des protestants révoltés, qui stockait des armes, des munitions et des vivres dans les grottes au-dessus d’Euzet, vint à Rochegude, en janvier et février 1703. Il s’installe avec sa troupe de Camisards dans le château des Barjac-Rochegude et dans la grotte qui prendra par la suite le nom de ces révoltés. De là, ils
traversent la Cèze, sur le bateau qui sert de bac et mènent des expéditions à Saint-Jean-des-Anels et Avéjan où ils incendient les églises et les châteaux.

Histoire : assemblée protestante clandestine
Dans les archives de l’Hérault, l’historien Pierre Rolland a retrouvé les comptes rendus d’une enquête judiciaire et d’un procès, concernant une assemblée protestante, clandestine et interdite, qui s’est tenue, dans cette grotte, le 30 août 1700, en relation avec la foire de Saint-Jean de Maruéjols qui
constituait un parfait alibi pour se déplacer et se réunir sans attirer l’attention. Ecoutons Pierre Rolland qui raconte : « À l’époque, le valet du prieur de Mannas rencontre un certain Pierre Fustier et remarque une tâche d’huile sur son bas de toile. Et ce dernier de lui expliquer, que, la veille, il tenait une lampe à huile au cours d’une assemblée dans une grotte dans les bois de Rochegude. L’homme, apparemment naïf, avait suivi des protestants, venus de Fons-sur-Lussan, jusqu’à la grotte et avait porté une lampe à huile pour éclairer l’assistance sans trop comprendre que se trouver avec des protestants était un acte répréhensible (depuis la révocation de l’édit de Nantes en 1885) ». Concernant le déroulement de ce culte clandestin, le dit Fustier témoigne “que cette assemblée était composée de plus de cinq cent personnes qui chantèrent des psaumes, en écoutant une fille qui prêchait et qu’elle ne se sépara qu’une heure avant le lever du jour”

Des condamnés pendus en effigies
Suite à cet aveu, deux ans avant le début de la guerre des Camisards, une enquête judiciaire est conduite : le 15 novembre 1700, un décret de prise de corps est lancé contre 19 hommes et trois femmes de “Saint-Jean des Annels, Méjeannes-le-Clap, la Lèque”. Le 27 janvier 1701, le procureur du roi
demande que les accusés, soient condamnés « à être pendus et étranglés, jusqu’à ce que mort s’en suive, à des potences dressées au lieu de Tharaux ». Mais comme aucun des accusés n’a pu être arrêté, la sentence sera
exécutée de façon symbolique, en pendant des effigies représentant les condamnés en fuite !

313 ans, après
Vendredi 21 juin 2013, 313 ans après cette assemblée au Désert, les bois de Chante-Merle ont connu une animation exceptionnelle. En effet, des soldats et des civils qui participaient au RIMP (Rassemblement International des Militaires Protestants) à Méjannes-le-Clap, ont rejoint, à pied, la
grotte des Camisards. Dans ce vaste amphithéâtre souterrain, mis en lumière par les organisateurs, le culte, célébré par des pasteurs Allemands, Polonais, Français, a été suivi par 450 personnes de vingt nationalités différentes, qui ont chanté, accompagnés par quatre musiciens, le Psaume des Batailles,
Un cantique systématiquement chanté lorsqu’une assemblée au désert était surprise et ses participants arrêtés ou tués.

Cette grotte est un patrimoine naturel fragile préservez-le ! par avance, merci !